samedi 12 septembre 2009

Séance de masochisme : Ségolène Royal sur France Inter.

Durant la semaine, j'ai eu mon petit moment difficile. Hier matin, alors que j'étais tranquillement en train de me préparer pour partir et boulot et faire ma traversée quotidienne de la Seine-Saint-Denis, voilà que Nicolas Demorand annonce l'arrivée au micro de France Inter de Ségolène Royal.

Immédiatement, j'ai frémi. Si tu es un habitué de ce blog, tu connais, cher lecteur, mon aversion profonde pour Ségolène Royal et mon sentiment qu'elle ne pourra pas emporter une élection face à Nicolas Sarkozy. Bayrou, à la tête d'une coalition PS-Modem, aurait davantage de chances qu'elle. Ma tendance naturelle aurait donc été de zapper voire d'éteindre négligemment mon poste de radio.

Or, je suis resté accroché pour entendre ce que l'ancienne candidate à la présidentielle allait dire de l'affaire du trucage de la désignation du premier secrétaire du PS.

Depuis la sortie de ce livre et le début de cette polémique, je suis assez étonné de la surprise qui semble prendre la sphère médiatique. Lorsque le PS a annoncé le résultat des élections l'an dernier, il était évident que rien n'était net, et le fait que la direction refuse le recomptage des voix suffisait à mettre le doute sur l'honnêteté de cette élection. Martine Aubry se devait de tenter de construire une légitimité autre que celle des urnes, à partir du moment où on avait refusé la réalité du scrutin. Par delà la malhonnêteté de procédé, ma vraie surprise était de constater que les militants du PS pouvaient encore croire que Ségolène avait une quelconque chance de remporter une élection. Finalement, l'exaspération envers les éléphants est telle qu'ils sont même prêts à mettre à la tête du parti une personnalité parfois plus à droite que Bayrou et à faire éclater le parti.

Lire maintenant la presse exprimer sa surprise est donc un non-sens. Ce qui est plus inquiétant, c'est plutôt le fait que certaines informations sont jugées indiffusables par nos médias, alors qu'ils ont une importance, tout de même, pour des citoyens qui espèrent qu'on va réussir à se débarrasser de Sarkozy en 2012. Cela a été aussi le cas, semble-t-il, de la vidéo Hortefeux.

Or, hier matin, Ségolène n'a pas été si mauvaise que cela. Je m'attendais à l'entendre exiger la démission de Martine Aubry, mais non ! Sans doute très conseillée, la présidente de la région Poitou-Charentes a demandé que la direction agisse et lance une enquête, et a insinué qu'elle porterait plainte si rien n'était fait. La direction du PS est donc bien enfoncée : soit elle diligente une enquête et devra reconnaître la fraude et démissionner ensuite, soit elle considère qu'elle n'a que faire de ces faits, mais elle se discréditerait totalement et ouvrirait un boulevard à Ségolène.

Il faut absolument, cher lecteur, que Ségolène prenne la tête du PS, et le plus rapidement possible. Elle a encore largement le temps de se griller, et faire exploser ce parti et de laisser émerger d'autres personnalités. De plus en plus, il me semble que le PS et ses dirigeants sont un obstacle à une victoire de la gauche en 2012. Cela s'est vu aux européennes, et le risque est que le même phénomène se reproduise lors des régionales à venir…

9 commentaires:

  1. une analyse affûtée, j'ai beaucoup apprécié.

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  2. @ Peuples : merci pour le compliment.

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  3. Je ne pense pas que le PS ait besoin de Ségolène Royal pour s'auto éclater.
    Et franchement, je ne vois pas en quoi, élections ou pas, Martine Aubry serait plus (ou moins) légitime que Ségolène Royal.
    D'où un(e) dirigeant(e) d'un grand (du plus grand ...) parti de gauche tient il sa légitimité d'une élection (hyper molle et guignolesque) interne ???
    Quelle prise de position ferme et revendicative, quelle bataille avec quelles troupes, quel projet fermement et clairement exprimé, en résumé, mais où voit on le PS, que ce soit avec Ségolène ou avec Martine ?
    Sans parler des hommes qui leur tournent autour comme des requins qui guettent les restes (de pouvoir).
    Pendant ce temps là, on ne cesse plus de compter l'emprise de la droite sur le pays, tant sur les libertés publiques que sur le salariat, de déplorer la dégradation écologique, de constater l'absolue défaite de la démocratie locale, de regarder les banquiers faire la comptabilité de leurs profits.

    Il n'y a aucune place à gauche pour le PS tel qu'il est, pour moi. Trop gangrené, et vraiment, qui ira honnêtement croire que c'est de la faute de Ségolène (ou même Martine) ?

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  4. @ Nicolas : qui ?

    @ Audine : je ne suis pas en désaccord. Je pense juste que l'arrivée de Ségolène à la tête du PS enclenchera ce processus d'éclatement que le PS est parvenu jusqu'à maintenant à repousser.

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  5. @ Nicolas : si une coiffure suffisait...

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  6. Je suis surpris par ce "coming out" Mathieu. Je n'aime pas Ségolène. Je la trouve plus belle que la fois d'avant chaque fois que je la vois. Je n'aime pas certaines de ses idées fulgurantes, j'ai du mal à supporter qu'on la trouve sotte. Agaçante peut-être mais je ne suis pas sensible à ce côté-là. Il y a sans doute pire au PS, je pense que tu as raison sur ce point.

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  7. @ Mtislav : ce n'est pas vraiment un coming-out, je l'ai souvent dit. Je n'ai jamais dit qu'elle était sotte, mais que ses idées ne me correspondaient pas et qu'elle était sans doute très mal conseillé au niveau de sa communication. Par contre, oui, c'est clair, il y a pire au PS.

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