samedi 13 juin 2009

Percevoir la réalité de l’étranger : difficile…

J'avais commencé, cher lecteur, à te rédiger un billet sur les élections iraniennes, et puis, Manuel m'a devancé en publiant ses premières réflexions sur le sujet, auxquelles je souscris globalement. A l'évidence, les médias nous ont donné une vision erronée de la situation politique iranienne, nous entraînant à prendre des vessies pour des lanternes. J'efface donc toute ma première partie…

A la dernière République des Blogs, j'ai eu une longue discussion avec Cratyle concernant le futur de la démocratie et son lien avec le réseau internet. Pour lui, les possibilités offertes par les blogs sont énormes : voici un instrument de démocratisation fort qui devrait permettre d'avoir de nouveaux vecteurs d'information à l'infini. J'avais répondu à Patrice qu'on aurait toujours besoin des médias traditionnels, et lui avait donné l'exemple de la Corée du Nord, pays fermé sur l'extérieur et qui ne disposait pas de blog. Cratyle s'en était tiré en se référant aux immigrés nord-coréens vivant partout dans le Monde et pouvant nous dire ce qui se passe sur place, malgré l'absence de médias classiques.

Personnellement, je ne peux pas consulter un blog iranien écrit en persan, ce qui fait que mon information est limitée aux sources en anglais ou en français. Or, les journalistes présents sur place ou les spécialistes se sont eux aussi plantés. Les médias, à travers ses grands reporters comme Ch. Chesnot sur France Inter, semblaient être sûr que la réélection du président iranien n'irait pas de soi.

Seulement, dans une dictature comme l'Iran, il y a un problème. Il est impossible de trouver facilement un accès à la majorité des électeurs, c'est-à-dire les pauvres peu éduqués. Les journalistes, souvent proches des élites, ne peuvent ou ne veulent y accéder directement. Si on était en France, il resterait les blogs, mais, en Iran, les pauvres ont-ils accès à internet ? Et si c'est le cas, savent-ils seulement s'en servir ? Même en France, la blogosphère est clairement constituée de personnes faisant partie des élites financières, politiques, intellectuelles… Alors, dans un pays comme l'Iran…

Pour que la démocratie numérique accessible à tous les citoyens dont Patrice rêve devienne possible, il faut à la fois une démocratie qui fonctionne, mais aussi un niveau éducatif élevé de l'ensemble de la population permettant un accès aux réseaux et une maîtrise de l'écrit. Sans plume, il est encore difficile de se lancer sur internet. Je crains que les Iraniens, dont la majorité n'a pas encore accès à des études denses et démocratiques, n'en soient pas encore là…

PS : il y a une autre hypothèse, celle de la fraude électorale allant en contradiction avec toutes les prévisions. Dans ce cas, j'espère qu'à l'extérieur de l'Iran, nous le saurons vite, et j'espère, comme l'Hérétique, que les Iraniens parviendront à se débarrasser de ce président.

6 commentaires:

  1. Pour info, l'Iran est apparemment le pays au monde avec la plus forte proportion de blogueurs par rapport à la population totale : Iran, a Nation of Bloggers

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  2. @ Rubin : intéressant, ton lien. Cela ne fait que confirmer mon hypothèse, ou peut laisser penser à la fraude...

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  3. Salut à tous!

    Merci pour ce billet intéressant, mais je m'étonne que personne n'ait réagit à propos du billet de "la lime" sur l'homosexualité, qui a sérieusement dérivé dans les commentaires.
    Pourquoi personne ne réagit, notamment vous, compte tenu de votre force d'influence sur la blogosphère?

    Sinon, continuez ce que vous faîtes, c'est avec plaisir que je vous lis régulièrement!

    Anaïs.

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  4. @ Anaïs : je t'ai répondu sur l'autre blog, mais merci pour les compliments.

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  5. D'ailleurs, n'oublions pas que le phénomène des blogs - du web participatif, en fait - est un phénomène en cours de développement. Les vieux médias sont encore au centre de l'information et le Web à sa très proche périphérie, mais c'est la rapidité de l'évolution qu'il faut observer.

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  6. @ Cratyle : je sais, mais ce billet visait à te dire que nous étions encore loin de ton idéal, même si celui-ci est passionnant à imaginer.

    Bon, par contre, il semble bien qu'en Iran, ce soit la fraude qui ait joué.

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